Définition #
L’oxygénothérapie est une méthode visant à apporter artificiellement de l’oxygène à un malade de façon à rétablir ou à maintenir un taux normal d’oxygène dans le sang.
Cadre législatif #
- Soin infirmier sur prescription médicale : art. R.4311-7 décret 2004-802 du 29/07/2004.
Indications #
- Hypoxémie (baisse de la teneur en O2 du sang).
- Hypercapnie (augmentation de la teneur en CO2 du sang).
- Hypoxie aiguë (diminution de la distribution de l’O2 dans les tissus) :
- Objectif : correction rapide par apport de forts débits d’oxygènes afin d’obtenir une SpO2>90%.
- Hypoxie chronique : pathologies entraînant une insuffisance respiratoire chronique, BPCO.
- Objectif : correction par apport de faibles débits d’oxygène en contrôlant l’augmentation de la PaCO2, et maintenir une SpO2 aux alentours de 90-92% sans dépasser 95% :
- Dans les BPCO, il faut utiliser un apport de faibles débits d’oxygène car un apport de forts débits d’oxygène supprime le stimulus respiratoire lié à l’hypoxie, le malade hypoventile, la PaCO2 augmente, le malade s’endort et s’arrête de respirer.
Matériel #
- Matériel d’administration :
- Lunettes à oxygène.
- Sonde nasale à oxygène.
- Masque à oxygène.
- Masque à haute concentration en oxygène.
- Masque venturi à oxygène.
- Système d’oxygénation :
- Source d’oxygène :
- Prise murale d’oxygène :
- Débit-litre gradué de 0 à 15 l/min.
- Humidificateur.
- Tuyau souple.
- Raccord biconique.
- Bouteille d’oxygène.
- Manodétendeur : permet de mesurer la pression, exprimée en bars, régnant dans la bouteille (manomètre) et d’apporter l’oxygène stocké sous haute pression à une pression plus faible où ce gaz pourra être utilisé (détendeur).
- Tuyau souple.
- Raccord biconique.
- Mouchoir en papier.
- Réniforme (haricot).
- Pour la sonde nasale : compresses, eau stérile.
- Nécessaire à l’hygiène des mains.
Les lunettes à oxygène #
Propriétés des lunettes à oxygène #
- Faible débit : 0,5à 3 L/min.
- Si débit > 6 L/min : inefficace car il n’augmente plus la FiO2 et le patient ressent un inconfort causé par le flux d’air dans les narines.
- FiO2 : 24 à 44 % (Fraction Inspirée en Oxygène).
Lunettes à oxygène | |
Débit L/min | FiO2 |
1 | 24 % |
2 | 28 % |
3 | 32 % |
4 | 36 % |
5 | 40 % |
6 | 44 % |
Réalisation du soin #
- Vérifier la prescription médicale : débit d’oxygène.
- Prévenir le patient.
- Installer le patient en position assise ou demi-assise.
- Faire moucher le patient.
- Effectuer un lavage simple des mains ou effectuer un traitement hygiénique des mains par frictions avec une solution hydro-alcoolique.
- Monter le système d’oxygénation :
- Vérifier le fonctionnement de la source d’oxygène.
- Installer le système humidificateur.
- Régler le débit d’oxygène.
- Mettre les lunettes à oxygène :
- Placer les deux petits embouts dans les narines.
- Passer la tubulure derrière chaque oreilles : les tuyaux font le tour complet des oreilles pour se rejoindre en avant sous le menton.
- Ajuster les lunettes sous le menton à l’aide de la bague en plastique coulissante.
- Il est inutile de demander au patient de respirer par le nez puisque la dépression créée dans le nasopharynx par une respiration normale, est suffisante pour « aspirer » l’oxygène vers les poumons.
- Surveiller la saturation pulsée en oxygène (SpO2).
- Changer les lunettes quotidiennement.
La sonde nasale à oxygène #
Propriétés de la sonde nasale à oxygène #
- Débit moyen : 1 à 8 L/min.
- FiO2 : 30 à 50 % (Fraction Inspirée en Oxygène).
Réalisation du soin #
- Vérifier la prescription médicale : débit d’oxygène.
- Prévenir le patient.
- Installer le patient en position assise ou demi-assise.
- Faire moucher le patient.
- Monter le système d’oxygénation :
- Vérifier le fonctionnement de la source d’oxygène.
- Installer le système humidificateur.
- Régler le débit d’oxygène.
- Effectuer un lavage simple des mains ou effectuer un traitement hygiénique des mains par frictions avec une solution hydro-alcoolique.
- Repérer la longueur de sonde a introduire dans la narine : distance nez-tragus (tragus : partie centrale de l’oreille, placée devant le conduit auditif externe).
- Demander au patient de mettre la tête en arrière : permet de libérer les voies aériennes.
- Lubrifier la sonde avec de l’eau stérile.
- Introduire la sonde de la distance mesurée au préalable : la sonde se situera à l’extrémité inférieure du palais.
- Raccorder la sonde nasale à oxygène avec le système d’oxygénation avec un raccord biconique.
- Fixer la sonde sur le nez ou le front avec du sparadrap.
- Tracé un repère sur la sonde au feutre indélébile :permet de repérer si la sonde s’est déplacée.
- Surveiller la saturation pulsée en oxygène (SpO2).
- Changer la sonde quotidiennement.
Le masque simple à oxygène #
Propriétés du masque simple à oxygène #
- Le masque simple est muni d’ouvertures latérales sans valves souples qui permettent l’évacuation du gaz expiré (CO2).
- Débit moyen : 4 à 8 L/min.
- Si débit < 4 L/min : risque de ré-inhalation du gaz expiré (CO2) contenu dans le masque.
- Si débit > 8 L/min : le masque ne sera plus efficace puisqu’un débit de 8 L/min assure l’enrichissement maximum qu’il est possible d’obtenir avec ces masques.
- FiO2 : 40 à 60 % (Fraction Inspirée en Oxygène).
Masque simple à oxygène | |
Débit L/min | FiO2 |
5 – 6 | 40 % |
6 – 7 | 50 % |
7 – 8 | 60 % |
Réalisation du soin #
- Vérifier la prescription médicale : débit d’oxygène.
- Prévenir le patient.
- Installer le patient en position assise ou demi-assise.
- Faire moucher le patient.
- Effectuer un lavage simple des mains ou effectuer un traitement hygiénique des mains par frictions avec une solution hydro-alcoolique.
- Monter le système d’oxygénation :
- Vérifier le fonctionnement de la source d’oxygène.
- Installer le système humidificateur.
- Régler le débit d’oxygène.
- Mettre le masque :
- Veiller à ce qu’il n’y ait pas de fuite.
- Surveiller la saturation pulsée en oxygène (SpO2).
- Changer le masque quotidiennement.
Le masque à haute concentration en oxygène #
Propriétés du masque à haute concentration en oxygène #
- Le masque à haute concentration est muni :
- Réservoir souple : réservoir en O2 qui permet un enrichissement à 100% en oxygène de l’air inspiré.
- Une valve unidirectionnelle : empêche l’air expiré de retourner dans la réserve et limite ainsi le phénomène de ré-inhalation du gaz expiré (CO2).
- Deux ouvertures latérales pourvus de valves souples : permettent l’évacuation du gaz expiré (CO2) et empêche l’entrée d’air ambiant à l’intérieur du masque : permet donc d’inhaler de l’oxygène pur.
- Débit fort : 8 l/min minimum.
- FiO2 : 80 à 100% (Fraction Inspirée en Oxygène).
Masque à haute concentration d’oxygène | |
Débit l/min | FiO2 |
8 | 80 % |
9 | 90 % |
10 | 100 % |
Réalisation du soin #
- Vérifier la prescription médicale : débit d’oxygène.
- Prévenir le patient.
- Installer le patient en position assise ou demi-assise.
- Faire moucher le patient si possible.
- Effectuer un lavage simple des mains ou effectuer un traitement hygiénique des mains par frictions avec une solution hydro-alcoolique.
- Monter le système d’oxygénation :
- Vérifier le fonctionnement de la source d’oxygène.
- Régler le débit d’oxygène.
- Ne pas installer de système humidificateur : l’humidification de la valve souple peut altérer le fonctionnement du masque à haute concentration.
- Remplir le réservoir en O2 : obturer avec un doigt la valve.
- Mettre le masque :
- Veiller à ce qu’il n’y ait pas de fuite.
- Surveiller la saturation pulsée en oxygène (SpO2).
- Changer le masque quotidiennement.
Le masque venturi à oxygène #
Propriétés du masque venturi à oxygène #
- Le masque venturi est muni :
- Ouvertures latérales sans valves souples qui permettent l’évacuation du gaz expiré (CO2).
- Le raccordement à l’oxygène présente un tuyau sur lequel s’adapte un embout qui va déterminer la FiO2.
- Il existe différents embouts pour différente FiO2. Chaque embout possède une couleur différente (selon les fabricants) et présente sur une de ses faces, la FiO2 prédéterminée et le débit d’O2 à régler en conséquence.
- L’oxygène passe dans la buse venturi, entraînant l’air à travers les orifices d’entraînement d’air, ce qui crée une proportion constante de mélange air/oxygène supérieure au débit inspiratoire du patient. Avec un débit de gaz toujours supérieur aux besoins du patient et une meilleure élimination du CO2, le risque de ré-inspiration est quasiment éliminé.
- FiO2 : 24 à 60 % (Fraction Inspirée en Oxygène).
Réalisation du soin #
- Vérifier la prescription médicale : débit d’oxygène.
- Prévenir le patient.
- Installer le patient en position assise ou demi-assise.
- Faire moucher le patient.
- Effectuer un lavage simple des mains ou effectuer un traitement hygiénique des mains par frictions avec une solution hydro-alcoolique.
- Monter le système d’oxygénation :
- Vérifier le fonctionnement de la source d’oxygène.
- Régler le débit d’oxygène.
- Possibilité d’installer un système humidificateur.
- Mettre le masque :
- Veiller à ce qu’il n’y ait pas de fuite.
- Surveiller la saturation pulsée en oxygène (SpO2).
- Changer le masque quotidiennement.
Le ballon auto remplisseur à valves unidirectionnelles : BAVU #
Propriétés du ballon auto remplisseur à valves unidirectionnelles : BAVU #
- Le BAVU est muni :
- Masque facial adapté à la morphologie du patient : partie central rigide et bourrelet souple autour afin d’assurer une bonne étanchéité.
- Ballon en caoutchouc auto-gonflable.
- Valve unidirectionnelle : permet de diriger l’air dans un seul et unique sens.
- Entrée d’oxygène.
- Réservoir : enrichisseur en oxygène.
- Filtre antibactérien :
- Permet de protégé le patient et le ballon d’une éventuelle contamination.
- En cas de vomissement, protège le ballon et permet de continuer à utilisation le ballon.
- FiO2 (Fraction inspirée en oxygène) :
- BAVU seul = FiO2 21 % = FiO2 atmosphérique ambiante.
- BAVU + bouteille O2 (débit à 15 litres/min) = FiO2 50 %.
- BAVU + bouteille O2 (débit à 15 litres/min) + réserve = FiO2 100 %.
Réalisation du soin #
- Ne pas pressez la totalité du ballon pour les insufflations : un BAVU a une capacité de 2,5 litres alors que le volume courant respiratoire est de 600 ml, un fermement du poing suffit.
- FiO2 (Fraction inspirée en oxygène) :
- BAVU seul = FiO2 21 % = FiO2 atmosphérique ambiante.
- BAVU + bouteille O2 (débit à 15 litres/min) = FiO2 50 %.
- BAVU + bouteille O2 (débit à 15 litres/min) + réserve = FiO2 100 %.
Risques et complications #
- Effets nocifs de l’oxygène pur.
- Lunette : irritation muqueuse, nécrose aile du nez, irritation de la face postérieur des oreilles et du cou.
- Sonde nasale : irritation de la muqueuse, nécrose du nez.
- Masque : gêne si trop serré, impression d’étouffement ou d’oppression.
Surveillances et évaluations #
Surveillance générale #
- Coloration des téguments : recherche d’une cyanose, sueurs.
- État de conscience : agitation, somnolence, céphalées.
- Fonction respiratoire : fréquence, rythme, amplitude, bruit, saturation pulsée en oxygène (SpO2).
- Fonction cardiocirculatoire : fréquence (tachycardie), pression artérielle (hypertension).
Critère d’efficacité #
Diminution et absence des signes de l’hypoxie
- Signe de l’hypoxie :
- Cyanose.
- Battement des ailes du nez.
- Tachycardie, hypertension.
- Polypnée.
- Somnolence voire coma.
- Diminution de la PaO2.
- Surveillance : couleur des téguments (peau rosée) ; aspect physique (pas de battements) ; paramètres physiologiques (retour aux normes) ; fréquence, rythme et amplitude respiratoire ; conscience ; gazométrie (PaO2 = 95 mmHg).
Diminution et absence des signes de l’hypercapnie #
- Signe de l’hypercapnie :
- Tachycardie, hypertension.
- Polypnée.
- Agitation – anxiété, somnolence.
- Vertiges, céphalées
- Sueurs profuses.
- Hypersécrétion bronchique – gastrique – salivaire.
- Flapping tremor (tremblements des doigts).
- Augmentation de la PaCO2.
- Crise convulsive voire coma.
- Surveillance : paramètres physiologiques (retour aux normes) ; fréquence, rythme et amplitude respiratoire, conscience, sécrétions, gazométrie (PaCO2 = 45 mmHg).